...one gets the impression from this C major Sonata that Martynov is a Prokofiev-lite player, as confirmed by the Sixth Sonata, the last item on the disc....[in the Pensees and Musique pour enfants] Martynov does us valuable service in providing beautiful, considered accounts of these brief encounters with the softer side of the composer - and all in first-rate sound.
...firm but gentle control of rhythms and the way he makes inner voices collide and cascade, to ear-pricking effect…rarely heard Pensées (Thoughts) and the delightful Musique pour enfants (Music for Children), are a pleasant surprise…the recording is excellent
On connaît ce pianiste russe pour ses interprétations habitées sur pianos d’époque des symphonies de Beethoven dans les transcriptions de Liszt. Son détour chez Prokofiev nous vaut un portrait très complet de ce moderniste exigeant : une 5e sonate, concise et un peu énigmatique, la seule écrite durant son séjour en Occident, une 6e, entre coups de butoir, galops fous et réflexion abyssale qui inaugure le cycle mouvementé des sonates de guerre. Pensées, trois mouvements lents où le compositeur pousse à son point ultime l’introspection que lui dictent ses lectures philosophiques et, à l’opposé, Musiques pour enfants, douze subtiles évocations, datant de l’époque soviétique, du monde de l’enfance, cher au cœur du compositeur. Un portrait idéal d’un compositeur humain mais farouche que Martynov a le bon goût de situer dans sa radicalité, dense et exigeante, dans un mélange de modernité et de classicisme.
BIEN VISÉ
On attend toujours avec excitation les premières mesures de la Sixième Sonate de Prokofiev où éclate un clairon militaire et obstiné. Yury Martynov le cuivre et lui donne un galbe assez incroyable. Le long Cantabile qui suit la première section, pris murmurando, avec des couleurs et des échos troublants, montre une science de la pédale extrême qu’on avait déjà perçue dans les disques des Symphonies de Beethoven transcrites par Liszt.
Ce piano sait donner de l’espace, ouvrir des champs. Dans une œuvre aussi cinématographique que la Sixième Sonate, c’est une vertu, comme ce jeu où l’empilement vertical reste toujours clair, quitte à se donner le temps pour pouvoir mettre tout en résonance. Le climax du premier mouvement atteint non pas un point de saturation, mais produit une implosion. Sonate de guerre, les obus tombent, l’onde de choc vous atteint. Interprétation transcendante, et toujours subtile comme le prouve la délicate articulation harmonique d’un blues – plus nostalgique tu meurs – derrière le Tempo di Walzer.
Le reste du disque est du même niveau : Cinquième Sonate en lumière, Pensées ruminées, déprimées, Musiques pour les enfants non pas descriptive mais narrative. Le Prokofiev de Martynov est une sacré surprise.
Martynov is naturally attuned to Prokofiev's unique idiom: he clearly grasps the difference between Prokofiev's playful and menacing sides, and he understands that the composer's lyricism can often be pungent and even anti-Romantic… the pianist's brilliant technique, especially in the fast music following the middle section, is spectacular.
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